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Dans son analyse, Mustapha Sehimi, professeur de droit et politologue, examine les implications de l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2026, du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) de l’Union Européenne sur les exportations marocaines. Ce mécanisme, créé en 2022, impose des taxes aux produits considérés comme polluants. L’impact sur le Maroc est significatif, surtout pour les secteurs clés comme l’automobile et l’agro-alimentaire, où une stratégie d’optimisation énergétique et un marché carbone national sont nécessaires. Le Maroc, qui a déjà engagé des efforts pour une transition énergétique, pourrait bénéficier de cette situation en développant des technologies vertes. Cependant, la création d’une taxe carbone nationale est également envisagée pour soutenir la décarbonation industrielle face aux nouvelles réglementations.
Exploration de la Taxe Carbone : Perspectives entre l’Union Européenne et le Maroc – Analyse de Mustapha Sehimi
La taxe carbone est devenue un sujet de préoccupation majeur dans le contexte des relations commerciales entre l’Union Européenne et le Maroc. À partir du 1er janvier 2026, l’entrée en vigueur du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) pourrait avoir un impact significatif sur les exportations marocaines. Mustapha Sehimi, professeur de droit et politologue, analyse les opportunités et les défis que cette nouvelle réglementation présente pour le Maroc, ainsi que les efforts nécessaires pour garantir une transition douce vers une économie plus verte.
Le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF)
Adopté le 17 décembre 2022, le MACF vise à taxer les produits jugés « les plus exposés à un risque de fuite carbone », dans le but d’étendre les normes environnementales aux produits importés en Europe. Par ce biais, l’Europe cherche à intégrer des considérations écologiques dans ses échanges commerciaux en imposant des taxes sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) associées aux produits importés.
Le MACF impose ainsi une obligation aux entreprises exportant vers l’UE de compenser leurs émissions. Les entreprises ne respectant pas les quotas d’émissions de GES devront faire face à des surcharges financières pouvant atteindre 87 euros par tonne de CO2, soit près de 900 dirhams. La structure tarifaire du MACF comprend des émissions directes liées à la fabrication, mais elle prévoit également d’intégrer progressivement les émissions indirectes et celle des autres étapes du cycle de vie du produit.
La préparation du Maroc face au défi du MACF
La question est de savoir si le Maroc est prêt à affronter ce nouveau défi. Les autorités marocaines voient cette opportunité comme un levier de compétitivité pour ses entreprises, en mettant l’accent sur le développement des technologies numériques et la transformation de leurs modèles économiques. En effet, plus de 65 % du commerce marocain concerne l’UE, et des régions comme Tanger-Tétouan-Al Hoceima dépendent de l’accès à ce marché européen.
L’impact sur les secteurs clés
Les secteurs les plus impactés incluent l'<automobile>, la parachimie, l’électricité, les fertilisants, l’agro-alimentaire et le textile. Le risque d’augmentation des charges dues à la nécessité de s’aligner sur les nouvelles réglementations carbones est bien réel. La région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, par exemple, pourrait subir des conséquences significatives si le MACF est entièrement mis en œuvre sans préparation adéquate.
Une stratégie d’optimisation énergétique
Pour atténuer l’impact du MACF, le Maroc se doit de mettre en place une stratégie d’optimisation énergétique. Cela inclut la création d’un marché carbone national ainsi que des mécanismes de certification de l’empreinte carbone des produits. Le département de l’industrie du Maroc a déjà lancé plusieurs initiatives pour accélérer la décarbonation de l’économie nationale.
Des programmes tels que « Tawtir croissance verte » visent à réduire la pollution industrielle, notamment pour les Très Petites et Moyennes Entreprises (TPME), et des lignes de financement ont été établies avec des partenaires européens. Ces efforts visent à installer un écosystème favorable à l’économie verte et à générer des fonds pour les technologies vertes et les énergies renouvelables.
État des lieux des émissions de GES au Maroc
Le Maroc a réalisé des progrès dans la gestion de ses émissions de GES, enregistrant en 2016 un total de 86 127,7 gigagrammes d’équivalent dioxyde de carbone, soit 0,2 % des émissions mondiales. En réponse à cette situation, le Maroc a pris l’engagement de réduire ses émissions de GES de 45 % d’ici 2030, et ce objectif fait l’objet d’une mise à jour. Cette actualisation comprend 61 projets d’atténuation, dont 27 nécessitent un soutien international.
Les programmes en cours
Les secteurs concernés par ces initiatives incluent l’énergie, l’industrie, le transport et l’agriculture. Des solutions économiques, techniques et sociales sont actuellement à l’étude. Le coût total de la transition est estimé à 38 milliards de dollars, ce qui nécessite la mise en place d’une taxe carbone nationale pour accompagner ces efforts. Cette taxe nationale serait progressive et viserait principalement les secteurs les plus exposés tels que le ciment et l’acier.
Réactions et évaluations du CESE
Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) a abordé cette question en proposant l’instauration d’une taxe carbone nationale. Cette taxe, en plus d’accompagner la décarbonation industrielle, améliorerait les capacités de contrôle des émissions. L’objectif est non seulement de stimuler la décarbonation et de garantir que les recettes du MACF ne profitent pas uniquement à l’Europe, mais également de générer jusqu’à 3 milliards de dirhams par an pour financer cette transition.
Une réponse à une lecture technique du MACF
Le CESE met en lumière les dangers d’une lecture trop technique du MACF, qui pourrait devenir une barrière commerciale déguisée. Actuellement, 4 % des exportations marocaines vers l’UE, principalement des engrais, sont concernées, mais l’extension de ce mécanisme pourrait avoir des implications sur d’autres secteurs stratégiques tels que l’automobile et l’aéronautique.
Le Maroc face à la neutralité carbone
Malgré ces défis, le Maroc est bien positionné sur la scène internationale en matière de développement durable. Avec la 8e place à l’Indice de Performance Climatique de 2025, le Royaume est reconnu comme un acteur majeur en matière de réduction des émissions de GES. Son objectif ambitieux de 52 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030 le place parmi les leaders en Afrique et dans le monde arabe.
Les initiatives de l’industrie marocaine
Des entreprises comme le groupe OCP ont pris les devants avec des initiatives significatives, telles que l’utilisation de 90 % de leur énergie provenant de sources renouvelables. Elles ont également adopté des normes strictes de calcul carbone. Cependant, il reste à déterminer si d’autres opérateurs industriels, en particulier les PME, disposent des ressources nécessaires pour suivre le même rythme d’adaptation.
Le rôle du gouvernement et du secteur privé
La Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a déjà sollicité le gouvernement pour un soutien et un financement adéquat. L’efficacité de la transition dépend non seulement des efforts gouvernementaux mais également du soutien du secteur privé pour favoriser l’adoption de pratiques durables et réduire leur empreinte carbone.
Conclusion sur la nécessité d’une gouvernance nationale
Le Maroc est devant un défi immense : garantir la transition vers une économie bas carbone tout en assurant la compétitivité des entreprises locales. Pour ce faire, une gouvernance nationale efficace et de bonnes pratiques seront indispensables. Malgré les obstacles, les engagements pris en faveur d’une transition énergétique donnent un espoir pour l’avenir et suggèrent un chemin vers un développement durable, tout en respectant les exigences internationales telles que celles imposées par le MACF.
Pour aller plus loin sur la taxation carbone et ses implications, vous pouvez consulter des ressources complémentaires comme Barlamane, Les Éco, ou encore Aujourd’hui le Maroc.
Pour plus d’informations, regardez aussi Climatec Advanced et Perspectives Communication pour une compréhension approfondie des enjeux liés à l’empreinte carbone et à la transition énergétique.

Exploration de la Taxe Carbone : Perspectives entre l’Union Européenne et le Maroc
Mustapha Sehimi, professeur de droit et politologue, met en lumière l’importance cruciale de la Taxe Carbone dans le contexte des relations commerciales entre le Maroc et l’Union Européenne. À partir du 1er janvier 2026, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) sera pleinement opérationnel, suscitant des interrogations quant à la préparation du Maroc à ce défi commercial.
Selon Sehimi, la création de cette taxe par la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de l’UE a pour but d’étendre les normes environnementales aux entreprises exportatrices. Cela signifie que toute activité jugée polluante sera soumise à des coûts supplémentaires lors de ses exportations vers l’Europe. Une taxe de 87 euros par tonne de CO2 pourrait apparaître comme une réalité incontournable pour les entreprises marocaines, ce qui pourrait désavantager certains secteurs clés de l’économie marocaine.
Pour Mustapha Sehimi, le Maroc voit néanmoins un potentiel dans cette législation, considérant que la taxe carbone pourrait servir de levier pour l’innovation et l’amélioration de la compétitivité des entreprises locales. En particulier, l’essor des technologies digitales et de la transformation numérique pourrait atténuer certains des impacts négatifs anticipés.
Le professeur souligne également que plus de 65 % des échanges commerciaux du Maroc se font avec l’Union Européenne, et qu’environ 80 % des exportations de la région de Tanger-Tétouan Al Hoceima y sont destinées. Ces chiffres rendent d’autant plus pressantes les questions d’adaptation et de stratégie face à une taxation qui pourrait exacerber les coûts.
Mustapha Sehimi indique qu’une réponse proactive est nécessaire, passant par la mise en place d’une stratégie d’optimisation énergétique. Cela inclurait la création d’un marché carbone national et de mécanismes de certification de l’empreinte carbone des produits marocains. Des initiatives ont déjà été lancées pour accélérer la décarbonation de l’économie nationale, comme le programme « Tawtir croissance verte ».
En ce qui concerne l’état actuel des émissions de gaz à effet de serre, Sehimi précise que le Maroc a un taux relativement faible d’émissions, représentant 0,2 % des émissions mondiales. Le pays s’est engagé dans une transition énergétique significative depuis plusieurs années, cherchant à réduire ses émissions de 45 % d’ici 2030, avec un programme impliquant plus de 61 projets.
Enfin, l’analyse de Mustapha Sehimi met en avant l’idée que la mise en place d’une taxe carbone nationale pourrait s’avérer nécessaire pour accompagner cette transition et assurer une concurrence équitable. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) propose que cette taxe soit progressive, visant principalement les secteurs les plus exposés. Cela pourrait non seulement stimuler la décarbonation, mais aussi générer des revenus pour financer la transition écologique du pays.

 
                                     
                                     
                                     
                                     
                 
                                 
                                 
                                 
                             
                            